De Valenciennes à Stuttgart, parcours d'un élève-ingénieur en Allemagne
Faire ses études à l'étranger, une aventure qui tente de plus en plus de jeunes français. Si la plupart profitent du programme Erasmus dès la licence, d'autres se rendent hors de nos frontières dans l'objectif de se professionnaliser. Jérémy étudie à l'ENSIAME, une école d'ingénieurs située à Valenciennes dans le Nord. Depuis 2010, ses stages au sein des entreprises allemandes Robert Bosch et Daimler le mènent peu à peu vers l'emploi.
© Dapd
Comment t'est venue l'idée de faire un stage à l'étranger ?
Mon école est partenaire de plusieurs grands groupes allemands. Lorsque j'étais en deuxième année, j'en ai alors profité pour faire un stage de quatre mois et demi au sein de l'entreprise Robert Bosch qui se trouve à Gerlingen près de Stuttgart. En mars 2012, je suis retourné en Allemagne pour mon stage de fin d'étude. Je travaillais cette fois pour le constructeur automobile Daimler, toujours dans la région de Stuttgart. Lorsque ce stage s'est terminé en septembre dernier, j'ai décidé de rester dans l'entreprise. J'y prépare en ce moment un Diplôme de Recherche Technologique en partenariat avec mon école à Valenciennes. Je travaille à présent sur les matériaux composites qui permettent d'alléger les structures automobiles.
Qu'est-ce-qui t'a motivé à poursuivre ton séjour en Allemagne ?
Le Diplôme de Recherche Technologique se prépare sur 18 mois, ce qui veut dire que le stagiaire travaille sur des projets de longue durée. Les entreprises allemandes sont friandes de ces stages à long terme d'autant que le pays manque d'ingénieurs. En France, le DRT est peu connu et ce n'est pas toujours facile de faire des stages dans des grosses boîtes. Bosch, Daimler, tout le monde connaît. C'est un plus sur le CV.
Le DRT n'existe pas en Allemagne. Quel statut as-tu au sein de l'entreprise ?
Je suis à la fois étudiant et employé. J'ai un salaire, je peux cotiser pour la retraite mais mon statut n'est pas vraiment identifié. Je suis une sorte de Werkstudent. (les Werkstudent sont les étudiants allemands qui travaillent en entreprise en parallèle de leurs études, ndlr)
Comment se sont passés tes premiers pas dans le monde du travail ?
Il m'a fallu deux à trois semaines d'adaptation chez Daimler. Comme pour tout travail d'ingénieur, je devais me familiariser avec mon sujet d'étude. Il y a la langue aussi, je demandais souvent à mon tuteur de reformuler ses phrases car je voulais être sûr de l'avoir bien compris.
La langue a-t-elle justement été une barrière au sein de l'entreprise ?
On utilise beaucoup de termes techniques anglais donc on pourrait se passer de l'allemand. Malgré tout, je fais l'effort de parler en allemand avec mon tuteur. A l'oral, dans le feu de l'action, c'est compliqué d'appliquer la grammaire et de prononcer la langue comme il faut. Dans le cadre de mon DRT, je dois valider en plus de l'anglais une deuxième langue vivante. J'essaie donc d'améliorer mon allemand en suivant les cours du soir.
T'es-tu adapté facilement à la culture allemande ?
Quand les allemands sont en mode « travail », c'est dur de les distraire. Ils sont trop sérieux ! Lorsqu'ils sont au volant de leur voiture, ils s'énervent facilement. Il existe vraiment une culture de l'automobile. Là-bas, les gens n'hésitent pas à payer cher pour s'acheter de belles voitures, enfin des grosses voitures avec des gros moteurs. C'est pas mon truc. En général, j'ai eu du mal à me faire des amis allemands car ils sont trop distants. Peut-être que cela vient aussi de moi, je ne sais pas.
Envisages-tu de t'installer à terme en Allemagne ?
Non, je compte travailler en France car c'est là que se trouve ma copine, ma famille, mes amis. Dans un an environ, je rentrerai à Valenciennes pour y soutenir mon DRT.
Propos recueillis par Laure Wallois.
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