Sur les traces des Français de Berlin

Peu s’en souviennent, mais le nord-est de Berlin a été pendant des années occupé par les Français. Pourtant celui qui à Wedding recherche les traces de la présence française risque de rester sur sa faim. La caserne Napoléon a été rebaptisée Julius-Leber-Kaserne et seule l’Allée du stade témoigne du quartier Napoléon où vivaient les militaires français. En effet, aujourd’hui lorsqu’on entend parler français dans les rues de Wedding, il y a de forte chances pour que ce soit des ressortissants Maliens ou Sénégalais installés près de la bien nommée Afrikanische Strasse. Pourtant qui descend la Müllerstrasse risque de faire une drôle de rencontre. Sur le trottoir, on découvre une petite Tour Eiffel. D’environ trois mètres de haut, elle a comme sa cousine parisienne des ampoules qui lui permettent de briller dans la nuit.  

 

Bienvenue au Centre français de Berlin.

L’immeuble du centre français appartient à l’état allemand, la brasserie et l’hôtel permettent d’autogérer les fonds de fonctionnement et les projets franco-allemands sont financés par des fonds publics.  Le Centre Français dispose même d'une salle de théâtre et de cinéma datant des années 60. Fermée en 2004, 15 ans après la chute du Mur, lorsque la mairie de Berlin s’est aperçue que le Centre Français n’avait pas d’autorisations, celle-ci ayant disparut dans les changements de directions successifs.

Cet ancien centre culturel a été créé en 1961 pour les soldats français et leurs proches installés à Berlin. Mais avec la fin de la présence française, la majorité d’entre eux a quitté le quartier. Le collège Voltaire, la piscine française et les supermarchés « Economat » ont peu à peu été fermés. Le centre français faisait partie des 4 centres culturels de Berlin. Aujourd’hui, il coexiste avec l’institut français. L’institut français fait connaitre la culture française tandis que le centre français est depuis 1996 une organisation franco-allemande indépendante qui promeut les échanges entre jeunes Français et Allemands. Le centre français subventionne de nombreux projets en partenariat avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Depuis 25 ans le centre français gère les échanges de jeunes entre Paris et Berlin. Il organise par exemple des rencontres de hip-hop entre jeunes Français et jeunes Allemands.

De plus en plus de Français à Berlin ?

« Aujourd’hui, on trouve plus de Français à Prenzlauerberg ou à Kreuzberg qu’a Wedding. »  remarque Florian Fangmann, directeur du Centre français. Effectivement, depuis 3-4 ans une vague de jeunes Français vient à Berlin chercher des petits boulots ou des stages. Comme le centre français offre des sessions de formation binationales pour jeune demandeur d’emploi et dispose d’un bureau de placement qui attire près de 300 personnes, ils sont aux premières loges pour analyser cette évolution.  

« L’exemple typique c’est : un jeune de 25-27 qui avait un poste en France ou qui galérait un petit peu et qui veut s’installer pour une année sabbatique ici, soit parce qu’il est tombé amoureux, soit parce qu’il a adoré la ville, soit parce qu’il prolonge une année Erasmus. Si l’on regarde les chiffres du bureau de placement en 2008, il y avait 2/3 d’Allemand, en 2009 c’était équilibré et aujourd’hui il y a 2/3 de Français. »  Ce qui pose problème, c’est que beaucoup d’entre eux ne parlent pas la langue et ont « une vision assez naïve de la ville ». En effet, Berlin n’est pas la capitale économique du pays et a un taux de chômage (12,3 % des actifs en 2012) qui même s’il tend à diminuer est deux fois plus élevé que dans le reste de l’Allemagne. Pour cette raison, beaucoup de Français repartent au bout de quelque temps. En effet, sans parler la langue, les jeunes diplômés sont souvent contraints d’occuper des jobs peu qualifiés par exemple, des emplois dans des Call center. Certains viennent avec une passion et travaillent à mi-temps pour gagner leur vie.

 

Portraits croisés d’expatriés

Beaucoup de Français arrivent attirés par la qualité de vie et les espaces de liberté offerts par la capitale allemande. Mais nombreux sont ceux qui se heurtent à l’obstacle de la langue, au chômage et à la précarité. Pourtant Berlin continue d’accueillir en son sein au moins 20 000 Français* venu pour un an ou restant pour longtemps.

                            Luc Monsigny et Léa Chalmont se sont installés à 10 ans d’intervalle dans la capitale allemande.



 Écouter ces expatriés à qui l’on n’a pas offert de passeport, mais qui ont un beau jour décidé de rester à Berlin.

Luc Monsigny est paysagiste et après avoir vécu à Barcelone et à Londres, la capitale de l’Allemagne réunifiée était un passage obligé. Il ne pensait pas rester longtemps, mais il a été séduit par le charme de l’été 1995 lorsque Christo et Jeanne Claude ont emballé le Reichstag (parlement allemand). Après un séjour à Shanghai, il a réalisé qu’il ne quitterait plus Berlin.

Léa Chalmont a presque trente ans et elle se voit comme une représentante de cette génération pour qui la mobilité n’est pas un grand mot. Germaniste de formation, elle est restée en Allemagne après ses études. Elle est rédactrice en chef de Berlin Poche, un petit magazine qui s’adresse aux francophones de Berlin. Pour pouvoir se consacrer à sa passion, elle a choisi de vivre de petits boulots.

 

* Le tableau ne représente que les Français qui se sont inscrits auprès de la mairie de Berlin. Il y a donc fort à parier de manière fort subjective que certains Français appréciant tout particulièrement les démarches administratives allemandes s’autodispensent de s’inscrire.

Marie Villetelle — reportage réalisé le 4.12.13 —

Promotion: 
2012-2013

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